DESAVEU

   Ne nécessiterais-je que des cauchemars pour adorer cet Etre. Je la respecte jusqu' au plus profond de mes entrailles. Que me vaudrait de lui faire cet aveu? Et ses sourires inespérés? Elle brille de mille feux, mais n' est qu' une empoisonneuse. Elle déchire mon âme, brûle mon corps et frôle mes mains. Quand je vis, tendre et aimante, soupçonne-t'elle mes sentiments? Je la chante mais ma voix dans les refrains sonores brise la lyre. Il n' y a plus d'âme qui respire. Les hurlements sous mes pas tremblent. Ecoutez, je vous l' avoue, je vous aime. A en juger par cet Amour, je devine qu' on ne vous aime davantage. Le parfum de la vague sur mon corps fait fuir celle que j' aime. Le jour où je vous dirai si je vous aime, le sombre trouble de la vie criera. Je suis trop faible pour alimenter les tourments, ceux-ci sont monstrueux. Pleurez! Je veux que l'enfer m' emporte et me traîne vers ses portes. La rumeur de l'herbe annonce qu' il va pleuvoir. Laissez pleuvoir! Et dans le flot amer de la mélancolie, que me direz-vous si je suis folle. Mes jours s'attachent à vous, laissez faire! Faudrait-il que vous me battiez pour comprendre enfin que vous ne m'aimez pas. Jamais je ne serai lasse de la contempler. Cette prière saura-t'elle un jour être entendue. Car jamais ne me lasserai-je de la contempler! Je soupire encore de la fleur bleue mais il me tarde de voir l'avenir. Je voulus ce matin lui apporter des roses mais le lien qui les empoignait était trop serré. Il n'est qu'un Amour mais j'ignore toujours s'il est de trahir celui qui n'ose souffrir.  Je ne veux plus regarder celle que j'aime, elle ne saurait regarder la Douleur sans la comprendre encor. Oh! ma première Bien-aîmée!